Oder. La nouvelle.

On me sortit de la camionette, puis on m'entraîna de force dans une pièce plutôt sombre. On m'assit sur une chaise près d'une table.

Enfin, il m'enlevaient mes bandages. Pourquoi? Pourquoi m'avaient-il enlevée?

Je n'avais rien fait, qui puisse expliquer un tel comportement.

- Comment tu t'apelle? dit la fille.

- C..Corya... Et toi, comment tu t'apelle, d'abord? Dis-je.

- Moi? Te concerne paaaas... Me répondit-elle.

- Ok, Corya. On va te dire des trucs qui ne doivent pas sortir de cette salle. Si tu nous prend pour des fous, bah à toi d'assumer. Mais je pense que tu sais qu'au fond de toi, ce qu'on va te dire est vrai, dit un garçon sortit d'un recoin encore plus mal éclairé que la pièce.

Ahhh. Rien qu'a sa voix, je voulais le croire, même si... Hein!! Mais... Maiis je délirais complètement!

Une ultime personne sortit de son coin, ils étaient 4.

Deux filles, deux garçons. Tous étaient plutôt beaux.

J'étais tranquillement collée au mur du collège, quand je sentis une main sur ma bouche.

"-Arrète, Thomas, essayais-je de marmonner. "

Je n'eus pas le temps de me retourner qu'un foulard bandait mes yeux.

On m'attacha par les poignets, avec une cordelette, et puis on m'embarqua dans un camion. Un camionette. Je ne savais pas.

C'n'était pas Thomas.

Certainement pas.

La camionette roula de longues heures, et j'entendis plusieurs voix parler.

"On l'a peut-être un peu maltraîtée..., dit une voix de fille.

- Crois tu qu'elle serait venue avec nous si on lui avait dit qu'on était des gens qui changent d'univers une fois par jour? dit un garçon à la voix forte et robuste."

Je n'en entendis pas plus, car la camionette s'arreta.

La fille ouvrit le coffre dans lequel je me trouvais.

Tant pis pour moi.

Tant mieux pour oder.

Mon sommeil était hanté par cette jungle, toujours la même. Chaque soir je me réveillais brutalement, en sueur. J'en avais marre, marre de cette vie, indéfiniement ennuiante et exténuante. Pourtant, je n'avais pas de quoi me plaindre, étant donné que j'avais de quoi vraiment bien vivre.

Mourir n'était pas un bon choix, c'était une issue... Sans issue. La drogue ne faisait qu'engourdir encore plus ma vie. J'avais donc opté pour la solution souffrir en silence.

Sauf que cette jungle, à part les rêves que j'en faisais, était une nouveauté dans ma vie, un peu de fraîcheur apportée à mon existence. Etait-ce le début de la libération?

Bonne question.

Une fois de plus reveillée dans cette chambre en sueur, suite à un cauchemard, je me revêtis d'habits légers et sortit.

La lueur du lampadère se reflétait dans la mare du parc, et moi je marchais, je marchais d'un pas régulier, comme à chaque fois.

Ca faisait plus d'un mois que je venais ici, lorsque mes rêves s'agitaient.

Je fixais l'étendue d'eau, assise sur un banc, quand il se fît un noir complet.

Un noir soyeux, duveteux acceuillant. Je délirais. Complètement.

Je vis un arbre, assez exotique, je ne me rappelais pas qu'il y en avait dans ce parc. Puis  je vis des bambous, et d'autres plantes encore.

Cela ressemblait à la vision de la jungle que j'avais eue dans le bus. Je m'y interressait énormément, et un sentiment venu du coeur me dit que je n'avais pas rêvé. Comme la fois précédente, le noir refit son apparition, et puis je vis le parc.

Alors cette histoire n'était pas un rêve.

Ce n'était pas irréel.

C'était fantastique.

Je revivais enfin.

Enfin!

Je m'enfonçais dans les entrailles du bus scolaire pour pouvoir enfin somnoler. Ce jour était comme les autres, à savoir calme, pathétique et plat. Du moins, c'est ce  que je pensais.

Le bus démarra, je collait ma tête à la vitre, tandis que Thomas, assis à côté de moi, parlait, parlait. Je ne l'écoutais pas, je ne faisait qu'aquiscer ses paroles. La route défilait, belles maisons, immeubles, jardins, encore des immeubles...

Ma vision se brouilla... Mais que se passait-il? Que-Quoi? Une jungle?

Puis de nouveau le noir. Le grand noir. Le noir total. Ma vue s'éclaircit, et je revis le bus. Les maisons, les immeubles, Thomas. Le moulin à paroles. Il parlait, il parlait, est ce qui venait de se passer ne semblait pas le gêner.

"- Tu as vu la jungle, il y a deux minutes? Dis-je.

- Une jungle? Heu, Corya, on est dans le bus scolaire, là. A pas de jungle. Toi avoir déliré. Tu vas bien? Me répondit-il.

- Bien, oui, je vais bien, quelle question! Tu n'a vraiment rien vu?

-Je t'ai juste vu avec des yeux équarquillés au possible, Corya. Tu faisait un peu peur, tu sais. J'ai faillit croire que  tu nous faisait un remake de l'exorciste."

Je ne persistais pas. J'avais du rêver.

Le bus s'arreta dans une ultime secousse. je sortis, mon sac sur le dos.

La journée continua. Tans pis pour moi.

Tant mieux pour Oder.

Je ne savais ce que je faisais là, ni comment j'y étais arrivée. Il me semble qu'une fille m'avait prise par la main et que j'avais soudainement changé de lieu, j'étais maintenant dans une jungle.

   -Hé, Corya, tu viens à la répèt, demain?

   -Oui, lui répondis-je.

   -Ca va déchirer, dit Thomas, l'énergumène de la bande.

Voîlà comment avait commencé cette journée, d'apparence normale. J'entrais en cours, sauf que je ne m'impliquais pas vraiment, puisque je somnolait. Mes pensées vagabondaient, je me souvenais de moments forts de ma vie, j'imaginais ce que j'allais faire demain, avec le groupe. La sonnerie sonna, toujours aussi ponctuelle.

Voîlà. Voîlà ce qu'était ma vie. Pas du tout passionante. Inutile. La routine continuait et s'incrustait un peu plus chaque jour. Ma famille n'était ni riche, ni pauvre. J'avais des notes moyennes. J'étais une madame tout-le-monde. Tant pis pour moi.

Tant mieux pour Oder.